Paul Brusson est né à Ougrée le 29 avril 1921 et décédé le 27 octobre 2011.
Après des études professionnelles à l’Ecole de chaussure de la Ville de Liège en 1939, il travaillera chez plusieurs grands chausseurs de Liège jusqu’en 1949.
Dès le début de la guerre, il s’engage dans la Résistance au sein du mouvement « Solidarité » du Front de l’Indépendance où il fait montre d’une importante activité, ce qui lui vaudra d’être arrêté par la Gestapo, le 28 avril 1942, à la veille de ses 21 ans.
Détenu à la forteresse de Huy, puis à Breendonk, il sera envoyé dans les camps nazis où il séjournera 3 ans. Il transitera par Mauthausen et par Gusen (lien avec ficher pdf mauthausen) en Autriche, puis par Natzweiler-Struthof, en Alsace, pour terminer à Dachau-Allach (lien avec ficher pdf dauchau)d’où il sera libéré le 30 avril 1945.
Considéré comme « NN »; c’est-à-dire Nacht und Nebel (Nuit et Brouillard), Paul Brusson faisait partie des détenus « dangereux », qui devaient disparaître sans laisser de traces.
En 1945, après son retour de captivité, il se marie et ne reprendra pas son métier de chausseur. Il entrera dans la Police d’Ougrée en 1949. Il y suit les cours d’officier de police de la Province de Liège. Il est nommé Commissaire-adjoint en 1962, puis Commissaire de Police en 1974. Après la fusion des Communes en 1977, il deviendra Commissaire de Police en chef de la Ville de Liège.
Depuis son retour de captivité, Paul Brusson milite au sein de la Confédération Nationale des Prisonniers Politiques et Ayants Droit de Belgique, et dans de nombreuses associations patriotiques et mène un combat inlassable pour prévenir auprès des jeunes générations la résurgence de ce passé barbare et leur faire découvrir le véritable visage du nazisme.
C’est en 1958, en effet, qu’il a organisé son premier voyage commémoratif à Mauthausen et c’est à partir de 1967 qu’il a initié les voyages pour les jeunes dans les camps de la mort.
Chaque année, il conduit de nombreux étudiants et leurs professeurs sur les lieux où se déroulèrent les atrocités nazies : Mauthausen, Dachau, Natzweiler, Breendonk…
C’est en toute logique, dès lors, qu’il devient membre fondateur des « Territoires de la Mémoire » qui pourra ainsi bénéficier de ses conseils avisés et auquel il cédera des objets personnels ramenés des camps.
Il préside aujourd’hui l’Union Liégeoise des Prisonniers Politiques des deux guerres mondiales, l’Amicale de Mauthausen, le comité de restauration du Fort de Huy. Il est aussi Vice-Président et membre du Conseil d’Administration de l’Institut National des Invalides de Guerre.
Il fut également membre, pendant 20 ans, de la Commission d’Assistance Publique d’Ougrée (précurseur du CPAS) avant d’en être le Président pendant 7 ans.
En 1996, le Président de la République autrichienne lui décerne la Croix d’Honneur d’Autriche qui lui sera remise par Monsieur Winfried Lang Ambassadeur à Bruxelles.
En 2003, il publie grâce à la collaboration de notre ami Pierrot Gilles, « De mémoire vive »; un livre-témoignage poignant sur les atrocités que ses camarades et lui-même ont subies.
Il est aussi le papa de Michèle, Directrice d’école, et l’heureux grand-père de Milan.
Le titre de Citoyen d’honneur
Ce « bref » curriculum vitae étant rappelé, vous aurez compris que c’est pour le devoir de mémoire que Paul s’est assigné, que le 11 octobre dernier, le conseil communal l’a élevé au titre de Citoyen d’honneur de la Ville de Seraing.
« Il y a du mérite sans élévation mais il n’y a point d’élévation sans quelque mérite » disait La Rochefoucauld. Avec Paul BRUSSON, cette citation prend tout son sens.
On connaît la portée de l’engagement de notre nouveau citoyen d’honneur dans la défense des valeurs essentielles qui sont les siennes et qui sont aussi, faut-il le préciser, les nôtres.
C’est donc plus de cinquante années de dévouement et de don de soi pour que les atrocités commises par un pouvoir totalitaire (légitimement élu doit-on hélas le rappeler) ne tombent pas dans l’oubli mais au contraire pour qu’elles servent de leçons aux diverses générations qui se succèdent depuis un demi-siècle.
L’actualité, malheureusement, nous donne la preuve tous les jours qu’il reste un travail immense d’éducation à faire auprès de la population et s’il est vrai que les phénomènes les plus inquiétants se manifestent en-dehors de nos frontières (linguistiques ou autres), il s’agit plus que jamais d’être vigilant et de soutenir toute action tendant à combattre l’extrême droite et tous les actes de racisme et de xénophobie.
La bête immonde peut se cacher dans les actions les plus anodines et resurgir là où on l’attend le moins.
A Seraing, avec l’ensemble des associations patriotiques des quatre anciennes communes qui composent le comité d’entente, nous avons toujours voulu entretenir ce devoir de mémoire en commémorant le 11 novembre et le 8 mai mais aussi par une série d’actions comme, par exemple, le soutien au concours de rédaction organisé par les Volontaires de guerre, pour les élèves de l’enseignement primaire.
C’est pourquoi ce titre de Citoyen d’honneur d’une commune comme la nôtre pourra toujours être porté avec fierté par notre ami Paul mais plus encore, la Ville de Seraing ne pourra que s’enorgueillir de compter Paul BRUSSON parmi ses concitoyens les plus éminents.